Le futur du travail : oublié des débats politiques ?

Le futur du travail : oublié des débats politiques ?

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Salaires, chômage, retraites, formation, apprentissage : comme toujours, les sujets liés à l’emploi et au travail ont été souvent abordés lors de la campagne présidentielle de 2022.

Pourtant, une thématique semble manquer à l’appel : le « Futur of Work ». Dans une période de transformation rapide du monde du travail, synonyme de bouleversements pour les actifs, l’avenir du travail paraît en effet constituer un angle mort des débats politiques.

Travail hybride, télétravail ou encore burn-out : dans quelle mesure ces problématiques, désormais inscrites dans le quotidien de nombreux Français, sont-elles délaissées par les acteurs politiques ? À l’approche des élections législatives, Supermood s’interroge.

Le travail, un enjeu important pour les Français

Dans un contexte électoral mêlant crise sanitaire, guerre en Ukraine et inflation galopante, les Français n’ont pas fait du travail l’une de leurs priorités. En effet, face au pouvoir d’achat, à la santé et même à la sécurité, la thématique du travail ne fait pas le poids.

Pourtant, les actifs hexagonaux ne se détournent pas complètement de ce sujet, et expriment un certain intérêt à son égard. 92 % d’entre eux considèrent même le thème du travail comme important dans leur choix de vote.

Si elle touche particulièrement les travailleurs, la question du travail intéresse bien évidemment les employeurs. En amont du scrutin, le Think Tank patronal Institut de l’entreprise, piloté par une vingtaine de dirigeants de grandes entreprises françaises a ainsi diffusé une série de propositions destinées à « nourrir les programmes des candidats à l’élection présidentielle ».

Ces suggestions, formulées par 50 directeurs et membres de conseils exécutifs et corrigées par 120 citoyens, abordent « quatre thèmes identifiés comme majeurs aux yeux des Français : l’employabilité, la qualité de vie au regard des nouvelles organisations du travail, l’association des collaborateurs à la réussite économique de l’entreprise et la transition énergétique et climatique. »

Alors, quelle a été la prise en compte de ces attentes par les acteurs politiques lors de l’élection présidentielle de 2022 ? C’est ce que nous allons voir en nous focalisant sur deux thématiques chères à Supermood : les nouveaux modes de travail issus de la Transformation, et plus particulièrement le travail hybride, et la qualité de vie au travail.

Des sujets centraux abordés

Les débats politiques qui se sont tenus dans le cadre de l’élection présidentielle de 2022 n’ont bien entendu pas fait l’impasse sur les questions liées au travail et à l’emploi :

Salaire et pouvoir d’achat : un consensus au cœur de la campagne

Le sujet du salaire, criant d’actualité dans un contexte inflationniste, a été souvent évoqué par les différents candidats. 

À gauche comme à droite, il a en effet été proposé de revaloriser les bas salaires, ou a minima, d’encourager une augmentation des rémunérations via des dispositifs incitatifs.

Autant de réponses à la principale préoccupation des Français : la chute du pouvoir d’achat.

Chômage, retraite, temps de travail : la réaffirmation du clivage droite-gauche

Le chômage, la retraite et le temps de travail, véritables serpents de mer des élections présidentielles, ont eux aussi été évoqués par la plupart des prétendants à la magistrature suprême.

D’un bord à l’autre de l’échiquier politique, les candidats se sont en effet positionnés tantôt en faveur de la poursuite des réformes en matière d’assurance chômage et retraite, tantôt en faveur de leur amendement, voire de leur suppression.

La question du temps de travail a été l’occasion de réaffirmer nettement le clivage gauche-droite, entre réduction pour les uns et flexibilisation pour les autres.

Discriminations et égalité femmes-hommes : une bataille commune (ou presque)

La question des discriminations, et notamment de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, a également donné lieu à des propositions de la part de la plupart des aspirants présidents. 

Ces enjeux de société n’ont néanmoins pas représenté des sujets de premier ordre pour toutes les têtes de liste, notamment à l’extrême droite.

Une négligence que l’on ne peut que déplorer au regard de la persistance des discriminations dans le monde du travail : en entreprise, les femmes gagnent encore 28,5 % de moins que les hommes et 70 % des salariés interrogés déclarent avoir déjà été témoins de discriminations au travail.

Face à l’espace occupé par ces thèmes centraux, quid des grandes problématiques mises en exergue par la crise sanitaire, au premier rang desquelles la mutation des modes de travail et la dégradation de la santé mentale des collaborateurs ?

Quelle place pour les nouveaux modes de travail ?

La crise sanitaire a accéléré la transformation des modes de travail, bouleversant radicalement et durablement le quotidien des actifs et des employeurs.

Télétravail et travail hybride : des transformations durables

Désormais, 38 % des salariés pratiquent le travail hybride, alternant présence dans les locaux de leur entreprise et télétravail. Un type d’organisation est vraisemblablement destiné à s’imposer comme une nouvelle norme.

84 % des dirigeants interrogés sont en effet favorables à son déploiement au sein de leur structure. Mieux, 75 % des employés éligibles approuvent ce mode de travail et 42 % d’entre eux déclarent même que, s’ils étaient conduits à changer d’emploi, ils n’accepteraient un nouveau poste qu’à condition de pouvoir télétravailler ou bénéficier de conditions de travail flexibles.

On le voit, les nouveaux modes de travail ont été adoptés par les acteurs de l’entreprise. Pourtant, ceux-ci ne sont pas neutres, tant pour les collaborateurs que pour les employeurs.

Télétravail et travail hybride : des mutations à risque

Comme le souligne l’Institut de l’entreprise, les nouvelles organisations du travail, à l’instar du travail hybride, « portent le risque de nouvelles fractures et de nouvelles inégalités entre les salariés. Repenser la capacité des entreprises à adapter leurs modèles doit donc se faire sans perte de droit social, pour que flexibilité ne rime pas avec précarité, et avec une attention renforcée pour la prévention des risques psychologiques induits par les nouvelles organisations. »

Droit au télétravail, droit à la déconnexion, prise en charge des frais associés au travail à distance, etc. : la généralisation du travail hybride et du télétravail lève, ou accentue, un certain nombre de problématiques.

De sorte que, comme le mentionne la rédaction d’ActuEL-RH, « l’extension du télétravail et du travail hybride est un défi des pouvoirs publics » et « inventer le travail de demain relève aussi de choix politiques et de société. »

Face à ce constat et aux appels du pied lancés par les employeurs, quelle place les nouvelles organisations du travail ont-elles occupée dans la campagne présidentielle ?

Un traitement inégal

La question de l’encadrement des nouvelles organisations du travail a été abordée de façon inégale par les candidats. 

Jean-Luc Mélenchon (LFI) a avancé des propositions relatives à l’encadrement du télétravail telles que la création d’un « véritable » droit à la déconnexion et l’augmentation de l’indemnisation des frais de télétravail.

Yannick Jadot (EELV) a quant à lui évoqué un « droit au télétravail », lequel pourrait être débattu à l’occasion d’une conférence sociale. Un dialogue social que souhaite également promouvoir Fabien Roussel (PCF) mais cette fois au sein même de l’organisation, à travers l’instauration de « droits décisionnels nouveaux » confiés aux « salarié·e·s et à leurs représentant·e·s ».

Dans son programme, le candidat écologiste Yannick Jadot souligne par ailleurs l’importance de développer l’accès au numérique ainsi que « les tiers lieux et espaces de coworking pour accompagner les nouvelles formes de travail ». Des ambitions partagées par le président réélu Emmanuel Macron (LRM), ouvertement favorable au travail à distance.

Sans occuper une place centrale dans les débats politiques, le télétravail et le travail hybride ont tout de même fait l’objet de propositions de la part d’une poignée de candidats. Un traitement similaire à celui réservé à la qualité de vie au travail, autre sujet d’actualité.

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La qualité de vie au travail, on en parle ?

La crise sanitaire et les nouvelles organisations du travail ont profondément ébranlé la santé mentale des salariés, appelant des réponses urgentes de la part des entreprises et des pouvoirs publics.

La santé psychique des salariés français ébranlée

Au cours des deux dernières années, les cas de burn-out ont connu une véritable explosion. À la fin de l’année 2021, 38 % des salariés français étaient ainsi en situation de détresse psychique.

Signe de l’importante dégradation de l’état psychologique de l’ensemble des collaborateurs, en février 2022, 64 % des personnels des Ressources Humaines étaient eux-mêmes en burn-out, témoignant d’un profond mal-être dans la fonction RH

Alors, quelles propositions politiques face à cette sourde épidémie ?

La qualité de vie au travail : un sujet souvent abordé de biais

Le bien-être au travail et l’équilibre des temps de vie ont pu être évoqués au cours de la campagne à travers le prisme de la réduction temps de travail, unanimement défendue par les candidats de gauche.

Dans son programme, le président sortant, Emmanuel Macron, s’est quant à lui prononcé en faveur d’un « compte épargne-temps universel », permettant de « monétiser ses RTT, jours de congé ou bien les mettre de côté et choisir, plus tard dans la vie, d’avoir plus de temps pour soi et ses proches. » Une initiative répondant à l’ambition de permettre à chacun de « mieux vivre de son travail. »

Certains candidats se sont par ailleurs exprimés spécifiquement sur le sujet de la santé au travail et du burn-out. Anne Hidalgo (PS), Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot ont ainsi proposé la reconnaissance du burn-out en tant que maladie professionnelle et de la mise en place de dispositifs visant à préserver la santé physique et mentale des employés (rétablissement des CHSCT par exemple).

Au-delà des échéances électorales, replacer le futur du travail au cœur des débats

Malgré un besoin d’intervention étatique concernant certains sujets (santé mentale, encadrement du télétravail, discriminations, enjeux environnementaux, ubérisation, etc.), les conditions de travail quotidiennes des actifs n’ont pas occupé le devant de la scène lors des débats précédant l’élection présidentielle de 2022.

Pourtant, dans le détail, une partie des candidats se sont penchés sur les nouvelles organisations du travail et sur la qualité de vie au travail des salariés. Les mesures proposées par ceux-ci alimenteront peut-être les échanges politiques au cours du prochain quinquennat.

En attendant des prises de position politiques, le soin de traiter ces problématiques et de chercher des solutions aux enjeux de la période revient en partie aux organisations elles-mêmes. Et les attentes sont grandes : deux tiers des Français interrogés considèrent en effet que les entreprises ont « le pouvoir d’améliorer le monde actuel ».

Par chance, les employeurs peuvent s’appuyer sur leurs collaborateurs pour co construire le futur du travail et imaginer des réponses sur mesure. Une mission grandement facilitée par les dispositifs d’écoute interne, tels que Supermood.

Rédigé par
L'équipe Supermood
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